mdby……SHANNON SULLIVAN

Aujourd’hui nous allons vous montrer les installations de Shannon Sullivan, avec lesquelles elle transforme les espaces d’une manière très subtile et très belle.

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Shannon, tu fais des installations, des sculptures et des pièces murales avec la céramique, comment les idées surgissent-elles ?
En sortant de l’université, j’ai fait un tas d’expérimentations en céramique et avec d’autres matériaux comme les acryliques, les résines, le fil de fer, les polymères et les composés. Pour moi, unir l’argile avec d’autres matériaux est une manière de changer l’usage d’une matière et de la pousser en dehors de ses limites traditionnelles. Cela m’intéresse beaucoup quand les spectateurs se posent des questions en regardant mon travail.

Comment définis-tu ton travail ? Que veux-tu exprimer à travers tes installations comme “sprout cluster” ou “soda strands”?
Sprout Cluster est une œuvre qui créé une conversation entre les panneaux de mur de céramique et acrylique flottants. Je voulais créer une installation à grande échelle, spécifique pour un lieu déterminé, en éliminant les supports de présentoir ça m’a permis le placement libre des formes en répondant aux contraintes et aux spécificités de l’architecture de l’espace de chaque galerie. Les formes sont ambiguës et c’est une notion qui me fascine.

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Soda Strands a été ma première installation faite dans un four en traitant de multiples choses à la fois. Dans mon travail, la technique d’assemblage post-enfourné a été pour moi une manière d’aller au-delà du prévisible. Dans cet espace j’ai créé les groupes linéaires de pièces masculines et féminines qui interagissaient entre eux, du sol au toit. Cette œuvre reflète mon intérêt sur comment une gamme limitée de forme et de couleur, comme les modules blancs pointus et les formes bleues ouvertes, peut susciter une grande variété de nuances quand les pièces s’accumulent et interagissent entre elles. À cette époque, j’avais acquis un livre sur les grottes de Texas, et je me suis intéressé spécifiquement aux grottes nommées “Soda Straws”, dont les transitions et surfaces brillantes de celles-ci ont été une fontaine d’inspiration pour cette installation.

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Comment as-tu commencé ? Cela a-t’il été difficile pour vous?
Dans l’école secondaire, j’ai eu le sort d’avoir un professeur dynamique de céramique extrêmement passionné par cette matière et par la vie d’artiste. En revenant sur le passé, je me rends compte que j’ai été attiré par l’argile depuis l’âge de 15 ans. Cependant, cela n’a jamais était un but pour ma future carrière, jusqu’à ce que je soi diplômée en 2002. Ça m’intéressait d’apprendre à un niveau d’études supérieurs et j’ai été inspiré par l’énergie de mes élèves. Le travail dans mon studio prenait une nouvelle direction et du coup je n’imaginais pas faire autre chose…

T’es-tu déjà découragé?
Oui, je me suis découragé! Un mentor m’a dit une fois “quand tu n’es pas en train de grandir, tu es en train de mourir”. Les douleurs de croissance peuvent être intenses! Mon travail a un caractère expérimental et j’ai eu beaucoup d’échecs coûteux.

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As-tu eu un mentor ou quelqu’un qui t’as guidé ?
Oui. Quand j’étais étudiante j’avais beaucoup de professeurs qui croyaient en moi et ils m’ont guidé dans mes études, en me donnant des critiques constructives sur mon travail. Mike Weber de l’Université de Wisconsin dans Eau Claire, Elmer Taylor de l’Université du Nord de Texas, les deux ont été des mentors très importants dans mes études. Lari Gibbons de l’Université du Nord de Texas a été un mentor dans le domaine de l’enseignement, et m’a montré comment être un professeur universitaire effectif et organisé. Je cherche dans l’histoire de l’art, dans l’art contemporain, et dans ma communauté de tutelle, de l’appui et de l’inspiration. Actuellement, j’observe le travail d’Ellen George, de Bean Finneran, de Jeannie Quinn, et de Tyler Lotz. Je m’inspire de la façon dont ces artistes utilisent plusieurs composants et transforment les espaces des galeries. Quelques influences historiques incluent Beatrice Wood (elle est morte à 104 ans en ayant son four toujours en marche!), Ken Price, Ron Nagle y Peter Voulkos pour sa forte énergie et ses œuvres fondamentales qui ont facilité la transition de l’argile comme matière artisanal à l’argile comme matière artistique. Ma source d’inspiration vient des visites des musées, des galeries, mais surtout de la peinture et du dessin contemporain.

Ça vous prend combien de temps pour créer une de vos pièces ?
Ça compte le temps de cuisson dans le four ? Certains de mes pièces sont enfournés plusieurs fois, les autres seulement une fois. Pour un panneau de mur en céramique et en acrylique, le temps moyen est près de 30 heures. Les installations à grande échelle peuvent porter sur 1-2 mois de travail.

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Comment tes idées surgissent-elles ? Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Ma mère est technicienne de laboratoire. Quand j’étais petite, elle nous montrait de temps en temps, à moi et ma sœur, des échantillons de fluides humains, de cheveux, de peaux vues à travers un microscope. Les images visibles d’os et de tissu à travers le matériel chirurgical mariées aux rayons X, ou l’organisation de globules rouges au microscope, constituent le premier langage visuel significatif dans mon travail. La série de pièces de céramique translucide et de pièces acryliques sont décalqués des patrons et des formes prédominantes dans le monde naturel, en unissant une matière première avec différents moyens de recherche et d’usages.
Je suis impressionnée par la vie et la croissance du monde. Je suis toujours en train de penser à mon travail même en éclatant les choux de Bruxelles ou en coupant un piment dans la cuisine. Mon travail est une révérence devant le processus de croissance cyclique et l’accumulation dans le monde qui m’entoure.

Quel serait ton projet idéal?
En ce moment, je suis intéressée par la machine de découpe laser pour créer des autocollants de vinyle encore plus grands, comme les tiges qui sont vues dans “Sprout cluster”. Je veux couvrir tout l’espace d’une galerie des autocollants de vinyle, de surfaces peintes directement sur le mur, les combinés avec des couches d’objets en céramique, placés sur le mur et le sol. La notion de transformer la totalité de l’espace de la galerie en un environnement botanique fantastique, qui évoque le bois, la mer, et le jardin, avec différentes espèces et des échelles serait mon projet idéal.

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Shannon, tu travailles seule, tu te sens bien en travaillant seule pendant toute la journée ?
Mon temps est équilibré entre mon travail d’enseignante à plein temps dans l’Université de Redwoods à Eureka, Californie et mon travail d’artiste dans mon studio chez moi. Quand j’ai beaucoup de temps devant moi pour travailler dans mon studio, je suis absolument enchanté d’être seule … toute la journée, toute la nuit, même pendant des jours consécutives si possible. Je partage mon studio avec mon mari, le céramiste David Zdrazil, donc ça me fait de la compagnie de temps en temps.

Comment gères-tu les hauts et les bas de la profession d’artiste ?
Je suis en général une personne assez optimiste. J’ai été très heureuse avec mes efforts artistiques, tels que quand les choses ne sont pas sorties bien, je m’oblige à me rappeler du succès antérieur, et du coup à penser aux opportunités proches. Je vis dans le plus beau lieu des États-Unis, entre les montagnes, la mer et les séquoias géants. Être une artiste est en grande partie un jeu mental. Pour moi, l’activité physique, comme une longue promenade dans les bois ou une marche le long de la plage, aide à me discipliner et mettre sur la bonne voie.

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Et sur le plan de l’argent, tu réussi toujours à garder la tête en dehors de l’eau ou est-ce quelque chose qui est pour toi sans importance ?
Encore une fois, je suis très heureuse d’être professeur titulaire, ça me donne un salaire fixe, ce qui me permet d’expérimenter de plus dans mon studio et de ne pas être seulement dépendante de la vente de mes œuvres pour survivre. Cela est assez libérateur et me permet de faire des travaux dont je ne suis pas sûre que je serai capable de vendre… la majorité de CETTE expérimentation a généré un travail, qui SE VEND. Je travaille avec trois galeries : l’une à Los Angeles, l’autre dans la baie de San Francisco, et une autre près de Madison, Wisconsin. Ces galeries travaillent beaucoup pour vendre mes œuvres et je suis très reconnaissante de la relation que j’ai avec celles-ci.
Je fais trois ou quatre commissions importantes par an et participe à différentes expositions individuelles, collectives, comme un jury et comme commissariat d’expositions chaque année. Mon mari et moi ouvrons notre studio une fois par an pour l’évènement North Coast Open Studios, c’est une bonne manière de vendre mon travail et de se faire des contacts avec des collectionneurs locaux. La vente du travail est importante pour moi : quand le travail plaît assez à quelqu’un pour qu’il puisse vivre avec, la conversation change.

Dédies-tu du temps dans ton travail aux publications, ou autres médias, pour te faire connaître et augmenter tes ventes, ou y a-t’il quelqu’un qui t’aide pour cela ?
Les galeries aident beaucoup à promouvoir mon travail et j’ai un réseau d’artistes amis dans lequel on s’entraide pour se promouvoir et créer des opportunités pour chacun. Avec le bouche-à-oreille, les réseaux sociaux, et les demandes que je soumets… j’ai la chance d’avoir un calendrier d’exhibition de mon travail complet pendant cette année 2014.

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Qu’est-ce qui est le plus difficile dans ton travail ?
J’ai tendance à faire des choses qui sont très fragiles, ce qui est très compliqué, et / ou requiert des considérations spéciales pour la présentation, la manipulation et l’envoi.

De plus, ma situation géographique est toujours un défi. Presque toutes mes opportunités sont dans des villes et des villages à travers les États-Unis, ainsi je suis constamment en train d’envoyer mon travail par-ci et par-là.

Qu’attends-tu de ton travail ?
De continuer d’évoluer, de grandir, et de m’améliorer au fil du temps. J’espère qu’étant une artiste avec un studio continuera d’alimenter ma pratique d’enseignante et vice versa.

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Quel a été ton plus grand succès jusqu’à présent?
C’est très difficile de dire lequel a été mon ‘ plus grand succès ‘ jusqu’à présent. Dans ces dernières années, j’ai été demandé à participer dans de nombreuses expositions très intéressantes, ainsi que des réunions débats, et parfois même à titre d’artiste invité… Récemment, j’ai fait un séjour dans l’Atelier de Céramique de Jingdezhen, en Chine durant l’été de 2013, ça a été convaincant et a changé ma forme de penser à propos d’être une artiste qui travaille avec de l’argile.

C’est quoi la beauté pour toi ?
La beauté c’est la grande diversité des phénomènes naturels de chaque jour, je prends du temps pour les observer. Les patrons et les formes prédominantes du macro et du micro m’ont toujours captivé.

Un conseil à donner ?
Maintiens-toi sainement, prends plaisir du temps passé entre amis et des petites bonnes choses dans la vie, et travailles quand les autres se reposent.

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24.06.14