J’ai connu le travail de Samuel Gassman par hasard et it vaut la peine de connaître plus sur lui, son travail, sa vie…Il fait des boutons de manchette precieux!

Samuel, Vous avez fait des études d’histoire de l’art, et en faisant des recherches sur l’origine du « plus petit élément » du vestiaire masculin, vous avez décidé de travailler sur le dessin des boutons de manchette. Quand avez-vous su que cela serait ce que vous voudriez faire pour le futur ?
En 2007, j’entreprends une recherche sur l’origine du « plus petit élément » du vestiaire masculin, le bouton de chemise d’homme, afin de proposer ce sujet à Arte. Six mois plus tard, cette recherche aboutit à un objet dont la forme s’apparente à celle d’un bouton de manchette. A la suite d’un article dans le magazine ELLE, je créé ma propre marque en septembre 2009.

Je poursuis aujourd’hui ses recherches toujours sur les boutons de manchette même si je réfléchis depuis quelques temps à élargir celles-ci à l’ensemble du vestiaire masculin.

Les études d’histoire de l’art vous aident aujourd’hui pour trouver des idées pour vos dessins ?
J’ai eu la chance de grandir dans un milieu artistique, une vie rythmée autour de visites de musées et d’expositions. Aujourd’hui, même si j’ai moins de temps, c’est toujours au milieu d’expositions que je me sens le plus à l’aise pour flâner, pour me balader et pourquoi pas pour penser à mes prochaines collections.

Dans votre abécédaire…S…s’habiller en prenant son temps, vous montrez votre concept de vie ?
Oui, ou en tout cas mon idéal, mon rêve. Je dois avouer que plus ça va et plus je cours…

Avez-vous un but dans votre travail ? Quel sera le suivant ?
Simplifier un maximum les objets pour mieux comprendre leurs fonctions et leur signification.

Où vous avez appris la technique pour fabriquer les boutons de manchette?
J’apprends au quotidien en autodidacte. Je créée mes propres outils, mes propres techniques. Je fais ma propre petite cuisine !

Quelle est la grande différence entre votre travail maintenant et ce que vous faisiez avant en tant que commissaire et en tant que journaliste pour le magazine Arte?
D’un côté, c’est très différent parce que je mettais toute mon énergie à faire connaître et comprendre le travail d’un ou plusieurs artistes. D’un autre côté, c’est très similaire, parce que dans le fond il s’agit toujours de raconter des histoires pour essayer de faire comprendre un travail.

Ces deux activités sont très différentes mais en un sens je les aborde de la même manière.

Je ne fais pas vraiment de différences entre mon travail en tant qu’artisan aujourd’hui et mon ancien travail de journaliste. J’entreprends toujours de nombreuses recherches avant de présenter chaque collection de la même manière que je le faisais pour réaliser un documentaire.

Que trouvez-vous le plus difficile dans votre travail?
Le plus difficile c’est d’arriver à faire le tri entre mille et une idées, pour avoir un propos cohérent et ensuite de réussir les à réaliser ! Parfois, cela peut me prendre plusieurs semaines ou plusieurs mois avant de concrétiser une idée…

Connaisez-vous d’autres personnes qui fabriquent des boutons de manchette à la main à Paris?
A ma connaissance, personne…

Quelle est la différence entre vos dessins, ceux d’autres dessinateurs, et/ou ceux des grandes entreprises?
A mon avis, ce qui me différencie, c’est que je suis un des seuls à travailler uniquement sur le bouton de manchette en cherchant à lui trouver un sens et une fonctionnalité dans le vestiaire masculin alors que pour de nombreuses marques, ces objets sont pour elles des produits dérivés, qu’elles essayent de faire correspondent à leur identité.

Vous travaillez avec votre femme, comment ça se passe le fait d’être toujours ensemble?
Nous sommes unis comme les doigts de la main, complémentaires et inséparables ! Nous avons beaucoup de chance.

Quel serait votre projet idéal?
Celui que l’on a aujourd’hui mais avec toujours plus de nouveaux objets à développer et pourquoi pas de nouvelles collaborations.

Est-ce que vous pensez que les artisans sont plus importants aujourd’hui avec le changement dans la société par rapport la crise?
Un des bons côtés de la crise fut probablement la recherche d’une consommation plus responsable, qualitative et éthique et peut-être que le modèle artisanal peut en opposition au « mass-market » répondre à ces attentes.

Les produits artisanaux sont souvent chers et ne sont pas nécessairement un besoin dans notre vie quotidienne, ils font parti du luxe; comment voyez-vous et comment vendez-vous votre travail dans le monde du luxe?
Je ne pense pas que les produits artisanaux soient forcément chers. Par exemple de nombreux artisans regroupés sous l’égide des “Ateliers de France”, proposent des produits dont les prix sont très comparables à ceux des produits de grande consommation, parfois moins chers. D’un autre coté, le monde du luxe ne propose pas forcément de produits « fait mains ». On associe souvent luxe et artisanat, surtout depuis que les grands groupes du luxe communiquent sur leur savoir faire et le fait main…

Pour ma part, j’aime revenir à l’étymologie du mot luxe, luxus. Il est aussi à l’origine, du mot luxation, fracture, ou encore décalage.

En essayant de donner une signification, à mes objets, les sortir de leur situation de gadget mal fait, ils se singularisent, sont en décalage par rapport aux autres boutons de manchettes que l’on trouve sur le marché. Pour autant, je ne veux et ne peux pas pratiquer les tarifs que pratique les grands du luxe. Je vends un produit pour ce qu’il est et pas pour son étiquette. De ce point de vue, je me positionne davantage comme un artisan, que comme un acteur du luxe.
Je ne suis pas sure d’être très clair. Ces questions sont intéressantes et leurs réponses complexes.

Comment êtes-vous devenu connu pour votre travail ?
Tout est relatif, j’ai toujours le sentiment que seul ma mère et ma femme sont au courant de ce que je fais.

Un conseil à donner?
Croire toujours en sa bonne étoile.