Le travail en bois, en céramique, en béton, en métal fait par Phillip Finder est en constante évolution, qu’est-ce que vous pensez de ces combinaisons qu’il fait des matériaux et des textures???

J’adore votre travail, travaillant avec plusieurs types de matériaux, comment définirez-vous votre travail ?
La matière est à la source de mon travail d’exploration en tant qu’artiste. Ceci étant dit, je me vois comme une artiste qui utilise l’argile en premier puis les autres matériaux sont présents pour donner un contexte à l’argile. Par exemple, une argile rouge avec du chêne ne reflète pas la même chose que s’il est mis avec une pièce en cuivre. Pour cette même raison, ça me fait toujours plaisir de voir mon travail chez quelqu’un, puisqu’il interagit forcément avec les objets, usés ou collectionnés, qui l’entourent.

Vous les faite toute seule, les phases de recherche et de fabrication ?
Oui, le côté artisanal de mon travail m’est très important. Ce sont toutes les « micro » décisions que je dois prendre sur le chemin qui fait que mon travail soit unique et qu’il vient de moi. Les retours que j’ai de travailler la matière avec mes propres mains permettent de nourrir mon travail et continu à le faire développer. Pendant le printemps de 2013 j’ai obtenu mon diplôme de Southern Illinois University à Edwardsville, IL, USA avec un masters en céramique. Ceci était une grande réussite pour moi et m’a poussé à devenir un artiste autonome. Puisque l’artisanat est inclus dans ma pratique, j’ai passé près de six mois à reconvertir un vieux garage en brick en un studio avec un espace fonctionnel. J’ai acheté tout l’équipement usé et je l’ai restauré moi-même. Je suis très fier de pouvoir dire que cet espace m’appartient et qu’il me permet de faire du soudage, de la menuiserie, du sablage et de travailler l’argile indépendamment.

Dans ton travail, une partie est fonctionnel et l’autre sculptural, laquelle des deux préférez-vous ?
C’est une question un peu difficile pour moi. A bien des égards je vois la poterie et la sculpture comme faisant partie d’un ensemble, mis a part l’évident, on ne peut pas boire du café dans une sculpture qui pèse 100 kilos. Par contre, les concepts que j’incorpore à mon travail s’appliquent aux deux. Je pense à minimiser les attributs de formes pour apporter de la clarté à mon travail et comment traduire l’information à travers le choix des matériaux. Pour répondre à ta question, en ce moment je suis beaucoup plus attiré par la sculpture que par la vaisselle qui est pour moi ce qui tombe entre fonction et sculpture. En travaillant dans cette direction je pourrais explorer les types de surfaces pas très idéal pour servir de la nourriture, tout en apportant une unicité que l’on ne voit pas tous les jours.

Qu’est-ce qu’est la couleur pour toi ?
Pour moi, la couleur vient de la matière. Je travail avec une variété d’argile : rouge, blanc, noir, gris, marron et avec un mélange de tout ceci. Si je peux, je laisse l’argile parler pour elle-même en termes de couleurs. En ce moment j’expérimente beaucoup pour pouvoir créer des couches « d’erreurs », d’oxydes, des pigments disponibles sur le marché… je rassemble aussi de l’argile naturelle et organique qui peuvent s’éteindre dans le four. Parfois j’utilise du vernis dans mon travail, mais je préfère le vernis opaque et matte qui donne l’impression d’être intégré dans l’argile.

Tu enseignes la céramique à St. Louis Community College Forest Park, y a t’il des choses que vous essayer d’enseigner et dont vous n’avez pas appris à l’école ?
Étant une jeune enseignante, l’école est encore fraîche dans ma mémoire et je me rappel très bien des succès et échecs que j’ai eu en explorant la céramique dans un cadre scolaire. Je me rappel très bien du premier cours, très structuré et axé sur la répétition pour pouvoir apprendre les fondamentaux de l’artisanat de la céramique. Bien que je voie la valeur de cette approche, j’ai commencé à autoriser et à encourager les étudiants à avoir plus de liberté en débutant. Je voudrais que les étudiants découvrent selon leurs propres conditions, et pendant qu’ils découvrent c’est mon métier d’enseignante de leurs donner des commentaires et des suggestions. J’essaye aussi de les encourager à accepter leurs erreurs et de parfois les utiliser à leur avantage. Dernièrement, j’essaye d’apprendre aux étudiants que notre travail n’a pas besoin d’être parfait, et que des petites nuances de formes et de surfaces peuvent renforcer leur travail.

Cela te fait quoi d’enseigner ?
L’enseignement pour moi est une conversation en continu avec les étudiants où chacun parle de ses expériences. Ensemble on travail sur la croissance personnelle.

Quel est le processus de création pour un design en céramique ?
J’ai l’habitude de travailler en petite série. Souvent je commence par une poignée d’un type de forme, chacune avec une légère variation en proportion, échelle, différence de surface… J’aime voir le processus de celles-ci et d’ensuite les évaluer quand ils sortent du four. Après cette étape, j’en refait d‘autres avec les meilleurs résultats de la dernière étape et ceci je répète jusqu’à ce que je soit contente avec mon travail. Parfois je ne suis jamais satisfaite et je vais répéter ces étapes jusqu’à…

Comment as-tu débuté? As-tu des commissions au départ ?
Comme « créateur d’objets », j’ai toujours l’impression d’avoir pleins de projets, parfois des projets commissionner. En ce moment, je développe une série de récipients en céramique qui sont cuits au thermostat 6 dans un four électrique. Je fait beaucoup d’expérimentations en ce moment et espère avoir beaucoup de nouveautés à te montrer…

C’était difficile le début ? As-tu déjà été découragé ?
Je suis très motivée en ce moment de terminer cette nouvelle série, mais oui j’ai déjà été découragé et pas qu’une seule fois. Il y a quelques essais de surface qui ont donné des résultats défavorables, mais ceci me pousse à continuer à travailler.

Quel serait ton projet idéal ?
J’adore voir mes objets dans l’espace, tout comme les espaces à vivre ou à travailler. J’aimerai bien travailler avec d’autres designers où ensemble on pourra trouver un lieu approprié pour exposer mon travail, même si c’est pour une séance photo promotionnelle.

As-tu du temps de côté dans ton travail pour les publications ou autres types de média pour ta promotion, ou as-tu quelqu’un pour t’aider ?
Étant une artiste débutante, tout ceci est en cours de route. Aujourd’hui je travail sur mon blog ou je publie mon travail, ainsi que d’autres projets en céramique, et des espaces architecturaux. Depuis que j’ai commencé à le faire ça à généré un plus grand public pour mon travail et j’ai aussi l’impression de faire ma part en parlant d’autres céramistes et comment ce métier artisanale trouve sa place dans le monde moderne. Tu peux y jeter un coup d’œil sur phillipfinderceramics.tumblr.com

Quelle est la chose la plus difficile dans ton travail ?
Je lutte le plus en essayant de me concentrer sur un seul mode de travail. Pendant mes études, par exemple, je voulais montrer que la poterie, les récipients sculptural, et la sculpture peuvent tous travailler ensemble formellement et conceptuellement. La présentation de ma thèse à démontrer que tout ces modes de travail pouvaient se mélanger de façon cohérente. Aujourd’hui, en travaillant dans un studio et en enseignant, ce qui est le plus difficile c’est de se concentrer sur les meilleures idées, et de produire en ayant des paramètres raisonnables. Je pense qu’avec le temps mon portfolio continuera à échanger avec la diversité qui l’entoure, ceci étant dit je pense qu’un seul mode de travail rendra mon travail d’artiste plus fort.

Qu’aurais-tu envie de plus de ton travail ?
Je dois toujours me rappeler de vivre dans l’instant présent, même si j’ai beaucoup d’ambitions en tant que céramiste. En somme, j’aimerai bien faire plus de projets et avoir un plus grand public.

Raconte nous comment se déroule une journée typique dans ton travail.
Les jours où je peux travailler toute la journée dans mon studio, j’essaye de commencer tôt. Ma femme Janelle est aussi une enseignante. Elle me lève de bonheur le matin et mon rôle est de me lever et de nous faire chacun un espresso. Dès qu’elle claque la porte je vérifie ma boite mail ainsi que mon blog. J’essaye de faire des publications quotidiennes, et après je me mets au travail dans le garage qui me sert aussi de studio. Parfois j’essaye de serrer un petit boulot entre les deux. Je fais du mieux que je peux d’être au studio tôt le matin et d’y rester jusqu’à 17h, mais parfois je me laisse emporter par les taches domestiques et mon temps pour le studio est prolongé jusqu’à tard dans la nuit. Cet hiver j’ai été plutôt productif et parce qu’il fait froid dehors, j’utilise des techniques variés qui ne requiert pas l’usage de l’eau. Il y a des jours où la construction est primordiale et d’autres ou les touches finales sont sur quoi je dois me concentrer. Ces jours ci je lis le livre de Mason Currey qui s’appel Daily Rituals: How Artists Work. Si tu es intéressé par les routines d’artistes et comment ils vivent leur vie je te le recommande fortement.

Des conseilles à donner ?
Soyez attentifs a ce que font les autres artistes dans le monde et essaye de garder l’élan dans ton propre travail.