Je suis allé rendre visite à Irène et Ixone à Bilbao, on a passé un très bon moment ensemble et elles m’ont expliqué leur nouvelle collection, comment elles l’on fabriqué, dessiné et comment elles ont fait pour dédier leur temps libre après le travail à leur passion, PEDRUSCO. Je suis sûre que vous les adoreriez……

Irene, Ixone, vous avez commencé à dessiner et à fabriquer vos bijoux pour compléter votre propre style, maintenant que vous avez déjà lancé “PEDRUSCO” continuez-vous à les porter?
Bien sûr, on doit les tester. On adore porter nos propres créations, comme ça on peut voir comment ils marchent et ainsi on pourra les améliorer dans la collection suivante. De plus, il nous semble très important de donner une touche aux styles « minimal ». De nos jours, c’est compliqué et peu recommandable de consommer toutes les tendances de chaque saison, de ce fait un bon complément de style peut donner une touche de magie.

Je n’ai pas pu refuser de partir sans le vert … .qu’est-ce que vous en pensez? ? ?

D’où le nom “PEDRUSCO”a-t-il surgi?
Quand nous avons commencé à créer nos propres pièces, nous avons commencé à travailler avec beaucoup de matériaux, ça a pris du temps avant de trouver un matériel qui répondait à toutes nos questions d’esthétiques. Nous avons trouvé un polymère, auquel nous donnions une forme, les premières formes se semblaient aux formes naturelles, aux roches, aux pierres. Notre équipe de design graphique Meneo, qui connaissait toutes ces découvertes, nous ont aidé jusqu’à trouver le nom pedrusco, qui nous a enchanté pour son caractère comique en espagnol.

Sur quoi vous basez-vous pour dessiner les collections, sur la matière, la forme, la couleur ?
C’est compliqué de le définir puisque nous considérons que tout est au même niveau, c’est-à-dire, dans nos collections, la forme est aussi importante que la matière et sa couleur.
Un dessinateur belge de bijoux à posé une question qui nous a semblé très intéressante… qu’est-ce qui rend un objet beau ? Sa forme, sa couleur, sa matière son emplacement ?

Sur cette réflexion nous avons commencé à travailler à partir des formes géométriques basiques et à partir de celles-ci nous avons créé des compositions rythmiques et équilibrées.
Le matériel avec lequel nous travaillons est un polymère (famille des plastiques), qui change en fonction de la façon dont c’est travailler (en le taillant, en le polissant au papier de verre). Nous utilisons aussi le bois, en le montrant au naturel, sans déguisement, et en gardant sa texture (le veinage) au naturel. Nous avons aussi créé des textures artificielles, comme le « marbre », les polymères sont travaillés jusqu’à obtenir la texture naturelle du marbre.

En ce qui concerne la couleur, nous utilisons nos propres couleurs pastel, c’est-à-dire, ce sont des couleurs créées par nous-mêmes, de ce fait il n’y a pas deux pierres égales, c’est un artisanat pur.

Avez-vous un dessinateur dont vous vous inspirez ?
Beaucoup de dessinateurs nous influencent, non seulement du monde de la mode mais aussi de tout ce qui entoure un produit. Des images graphiques, du mobilier, des espaces intérieurs, nous vivons dans un monde d’images. Le fait d’utiliser le bois dans notre collection, est une influence évidente du design nordique. Le marbre aussi, dans le monde de la décoration et de la mode, est en ce moment très tendance.

Mais pour parler d’un artiste, je dirais Ek Thongprasert, pour son jeu avec les matériaux et pour ses concepts.

EDepuis un an et demi, votre travail rapporte ses fruits, comment vous vous voyez d’ici 5 ans ?
La vérité, nous sommes très contentes, nous n’avons jamais pensé arriver où nous sommes aujourd’hui car tout a commencé comme un jeu. Nous sommes très heureuses de faire ce qui nous plaît et de recevoir une réponse si positive. Nous aimerions dans un avenir proche, dédier tout notre temps à ce projet si illuminant et accomplir nos buts, et un jour, si tout va bien, vivre de cela.

Il y a 1 an, aviez-vous une image d’aujourd’hui ?
Alala, pas de tout. Il y a 1 an nous avons commencé à nous faire des bijoux pour nous même, sans aucune prétention, c’était un hobby qui nous amusait beaucoup. Je n’aurais jamais pensé arriver où j’en suis aujourd’hui.

Avez-vous cru à un moment que ce que vous faisiez n’allait aboutir à rien?
Oui, plusieurs fois, mais nous continuions à faire, quand on commence un projet créatif il faut s’entourer de gens constructifs, c’est fondamental. Nous avons toujours été très soutenus par Meneo, ils nous ont beaucoup animés et nous ont donné le sentiment de sécurité, dont un créateur manque toujours au commencement.

Une matière de préférence pour vos « pedruscos » ?
Bon, je ne pense pas que nous avons un matériel préféré, nous procédons par étapes. Nous avons expérimenté avec le polymère et le bois et il y a encore beaucoup à découvrir. Nous restons aussi ouverts à d’autres types de matériaux, s’il répond à nos nécessités esthétiques.

Et la couleur ?
On pourrait dire l’absence de la couleur, on adore le blanc, on croit à cette couleur, bien que nous ayons aussi ce petit vert aux couleurs saturées, toujours bien combinés.

Vous dessinez les pièces, vous les fabriquez, ça vous a pris beaucoup de temps la période d’apprentissage, ou c’est une évolution constante?
Tout le dessin et la fabrication des pièces on été réalisé par nous-mêmes, duquel nous sommes très fières et essayons d’expliquer la méthode de travail à nos clients. En ce qui concerne l’apprentissage, nous sommes très motivées, et on espère que la période d’apprentissage nous dure toute la vie, et que nous aurions toujours envie d’apprendre de nouvelles choses.

Depuis le commencement de fabrication d’une pièce, jusqu’à ce que vous puissiez envoyer la pièce pour être vendu, combien de temps ça vous prend en tout?
Bon c’est compliqué de définir le temps exact par collier, cependant le processus est long parce que tous les pas requièrent d’une main d’œuvre avec finesse.

Avec le temps que ça vous prend pour faire une pièce complète, comment faites-vous pour déterminer un prix juste ? Ou est-ce que ce sont les prix des magasins que vous utilisez comme référence ?
Nous faisons un calcul entre le coût des matériaux et le temps de la main-d’œuvre. À la fin, nous comprenons que les prix doivent être compétitifs et nous essayons de le faire, mais tout en restant raisonnable. Nous préférons vendre moins et que le produit ait plus de qualité.

Chaque pièce est unique, vous les nommez ou numérotez d’une certaine manière ?
Nous les nommons, mais tiens ! les numéroter ça peut être une bonne idée… hihi…

Quels ont été les meilleurs et pires moments dans votre travail jusqu’à présent ?
Les meilleurs moments, y en a eu beaucoup, quand quelqu’un te félicite pour ton travail, c’est un grand moment, ça nous recharge en énergie. Et les pires, il y en a eu, mais jamais suffisamment mauvais pour ne pas se rappeler des meilleurs.

Vous aimeriez faire une collaboration avec un dessinateur?
Bien sûr, nous adorons échanger nos idées. Prochainement, nous allons collaborer avec Helena Rohner dans son projet « invitées », nous aurons une exposition dans son magasin/atelier durant deux semaines à partir du 12 juin, nous avons hâte d’y être.

Accepteriez-vous des commissions de pièces définies par les clients ?
Si, bien sûr. On dit ça à tous nos clients, on fait nous même tout le processus créateur, donc tout est possible. Ils ont l’habitude de nous demander des colliers existants en une couleur spécifique. Nous sommes ravies de le faire.

Quelle serait la commission parfaite pour vous ?
Bon, bientôt l’une d’entre nous se marie et nous allons dessiner un collier pour ce jour, cela nous fait beaucoup d’émotions. Les meilleures commissions sont celles quand les gens nous donnent entièrement confiance pour créer une pièce pour un évènement spécial.

Qu’est-ce qui est le plus difficile et qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail ?
Le plus difficile est de trouver le temps pour bien réfléchir aux choses, cela nous semble compliqué mais nous croyons que c’est vital. Ce qui nous plaît le plus c’est d’écouter de la musique et de créer des pièces pour nous-mêmes, sans penser à quoi que ce soit.

Aujourd’hui, quelle est la pièce que vous considériez avoir eu un grand succès ?
Nous n’avons pas de grand succès, la collection est variée et est assez compensée, mais pour en choisir une, peut-être la « cowboys », pour nous c’est un design dont nous sommes fières.

Quelque chose que vous ne recommenceriez pas à faire professionnellement…
Il ne faut jamais dire jamais, mais je ne retournerais jamais dans un travail qui ne me motive pas, je crois que ça serait horrible…

Quelle expérience revivrez-vous ?
Assister aux marchés de rues auxquelles nous avons été invitées, c’est comme les chaises musicales, haha… C’était un peu de la folie, mais nous le referions sans hésiter, nous avons acquis beaucoup de connaissances.

Que donneriez-vous comme conseil?
Travailler beaucoup et avoir confiance en soi pour obtenir des résultats, ne pas abandonner après le premier petit problème, et surtout aimer ce que tu fais..

Images par MDBA