Aujourd’hui on vous montre le travail de Nathalie Dérouet et son génial travail en porcelaine, elle nous raconte comment elle a commencé comment elle a découvert de la cerámique et ce qui celle-ci est pour elle. Si vous avez des questions, écrivez-nous!!

Nathalie, en 2004, vous avez ouvert votre atelier de céramique, mais comment saviez- vous que vous vouliez consacrer votre travail à l’argile et à la céramique?
La matière de la terre comme support de travail s’est imposée à moi après plusieurs années de recherches artistiques et une variété de pratiques explorées.
La terre est devenue mon centre d’intérêt principal car elle permet une exploration fascinante de la création par le corps.
La question de la création ne se résout pas uniquement avec l’esprit mais dans un corps à corps perpétuel avec la matière.
La céramique permet cette approche très globale de l’être “entier” avec sa création.

Ensuite le choix de la céramique a été également intuitif. Il faut toujours laisser parler une part de soi qui ne demande aucune conscience ou rationalité….quelque chose qui s’impose à soi comme le chemin le plus juste.

L’espace créatif nous demande d’accepter que certaines réponses ne peuvent venir qu’après les choix et les actes que nous avons posés.

Est-ce que ce métier a été difficile dans les commencements?
Le travail de la céramique est un travail difficile et exigeant. Cela a bien sûr été difficile lorsque j’ai commencé mon métier mais il faut vite se résoudre à ce que cet état demeure toujours.
Disons que c’est également ce qui en fait son intérêt.
Une grande complexité technique qui impose une structure et une discipline de travail rigoureuse.
Il faut aimer cet état de fait.

N’avez-vous jamais été découragé ?
Oui bien sûr la céramique est souvent très décourageante et même après de nombreuses années de travail les résultats sont parfois décevants. Rien n’est jamais acquis et il faut toujours être vigilant à chaque étape du travail.
Mais encore une fois c’est certainement cela aussi qui construit cette passion….
Une difficulté permanente qui demande beaucoup d’attention et de persévérance.
Chaque étape est gagnée avec nos efforts et notre ingéniosité.
Mais également avec une certaine part de hasard.
Cette complexité est aussi un ravissement pour l’esprit.

Le métier de céramiste est une activité qui demande beaucoup de solitude.
Aimez-vous cela et est-ce vraiment ce que vous cherchiez ?
J’aime beaucoup travailler seule. Cette recherche intérieure et solitaire me plait.
C’est ce que je souhaitais.

Mais pour autant je ne suis pas seule et rencontre beaucoup de gens par mon travail.
Et d’ailleurs je travaille pour les autres.
C’est un bel équilibre.

Comment définissez-vous votre travail?
La céramique est une exploration sur la transformation.
Voyez cela au sens propre comme au sens figuré.
La matière informe et chaotique qui est battue, travaillée, malaxée, étirée, imprimée, modelée, découpée, séchée, cuite, émaillée et cuite encore à très haute température jusqu’à devenir un objet fin et précieux, étincelant lorsqu’il teinte sous nos doigts. Cette immense transformation de la matière Jusqu’à un objet solide et intemporel est une source infinie de recherches, de travail, de réflexion et de joie.

Les photographies de votre travail sont très belles, est-ce que vous qui les avez prises ?
Je faisais de la photographie avant de faire de la céramique.
J’apporte donc un intérêt et une attention toute particulière à ce support.
Une fois que j’ai réalisé une collection ou série en porcelaine je vois souvent les images photographiques dans mon esprit. Je sais déjà comment je veux les montrer en image.
Je travaille avec un photographe professionnel Bernard Galeron. Toutes mes photos sont prises dans son studio.
Nous étudions ensemble les lumières et les méthodes prises de vue.

Les couleurs sont assez absentes de votre travail, comme une question peu importante.
Vous utilisez quelques fois du émail blanc mat, du bleu gris satin, turquoise satin, bleu ardoise ; j’adore cette gamme de couleur ; comment est-ce que vous les choisissez ?
En céramique la question de la couleur est complexe car elle nécessite une recherche infiniment longue et très technique. Depuis que je travaille j’ai principalement envisagé la forme. La porcelaine étant de loin la matière la plus complexe qui soit, il m’a fallu de nombreuses années pour arriver à maitriser un peu mon travail.
Je me suis concentrée sur la forme laissant la couleur de côté pour un temps.
Il ne sert à rien d’aller trop vite. Et puis la porcelaine est intéressante pour sa blancheur !
La question de la couleur se pose plus nettement à moi maintenant et je suis en recherche de teinte.
Je viens de terminer un vert d’eau ainsi qu’un vert de gris qui mettent en valeur la blancheur de la porcelaine.

Dans tous les cas les couleurs de tons verts et bleus sont jusqu’alors mes teintes favorites.
Ce gris satin, bleu ardoise et turquoise mat que vous aimez sont des couleurs très naturelles. Jusqu’alors c’est ce que je cherchais. Comme l’expression d’une matière naturelle, quelque chose que l’on pourrait trouver dans la nature. Une pierre ou un coquillage polis par le temps. Cependant ces couleurs dont vous parlez ont été utilisées sur du grès. Maintenant que je ne travaille plus que la porcelaine, cela change mon rapport à la teinte et les couleurs sont plus lumineuses.

La série des dentelles est très belle….avez-vous des surprises quand vous ouvrez votre four ?
La technique des dentelles est très particulière et complexe. Elle m’a demandé beaucoup de temps et un nombre incalculable de tests.
j’ai encore parfois des surprises, oui. Tout le travail est de comprendre et d’anticiper les transformations dues à la cuisson. Avec le temps et l’expérience on s’habitue et on devine les déplacements dans le four et jusqu’où la pièce se déforme. C’est exaltant !

Quelle est le thème de votre prochaine série ?
Je travaille actuellement sur une collection pour un grand restaurant Japonais.
Un comptoir à Sushi traditionnel.

Que représente l’empreinte avec laquelle vous marquez tous vos objets ?
Chacune de mes pièces est estampillée avec le sceau qui représente mon atelier.
C’est ma signature dont les courbes rappellent le dessin d’une feuille.

Est-ce que le Japon est un pays qui vous inspire
Ce qui me fascine chez les japonais c’est leur conscience de l’unité.
C’est à dire que les arts ne sont pas séparés, il n’y a pas de hiérarchie comme l’on peut souvent trouver en Europe. Tout est lié et se rattache à la spiritualité.
Tous les arts intègrent l’homme avec humilité dans le monde comme faisant parti d’un tout, ni plus ni moins.

C’est quoi la beauté pour vous ?
Quelque chose devant lequel on s’émeut et qui nous laisse être en harmonie avec le monde.

Racontez-nous une journée de travail habituel pour vous ?
Une journée se compose d’une multitude de choses très différentes à réaliser… observer, mélanger, préparer la terre, tamiser les barbotines, surveiller le séchage, enfourner, préparer des couleurs, dessiner, faire des échantillons, tourner, modeler, et ne pas oublier d’aller se baigner !

Consacrez-vous beaucoup de temps à la communication, avez-vous quelqu’un pour vous aider ?
Oui, je consacre beaucoup de temps à réaliser des photos, des catalogues, des mises à jour sur mon site internet ou à rencontrer de nouveaux clients. Cela fait partie de mon travail et j’aime beaucoup cette relation au public et aux images.
Pour ce type d’activité je travaille également en collaboration avec des professionnels.

Que diriez-vous à quelqu’un qui souhaite faire ce métier ?
Qu’il faut avoir beaucoup de temps à y consacrer et être profondément passionné.