J’ai parlé avec Kuniko Maeda et Mario Minale il y a long temps, et je veux vous parler aujourd’hui de leur travail, particulièrement de CadCam, dans Minale Maeda. Je suis sûre vous l’aimerez !!

Comment décris-tu votre travail?
C’est du design. De la recherche culturelle, c’est le fait de comprendre ce qui se trouve à la racine du problème/besoin/désir/plaisir et puis de l’identifier et de le définir. Quelque part entre la « résolution de problèmes » et la conception.

Comment avez-vous débuté? Est-ce que c’était difficile ?
Après avoir acquis le diplôme juste à côté de notre propre studio, nous faisions des petits boulots à d’autres studios. C’est très compétitif et vous devez essayer et d’attirer le plus d’attention vers votre travail d’emblée.

Avez-vous déjà été découragé?
Non pas vraiment, si vous avez du travail dur à faire et que vous savez ce que vous devez faire ceci sert de source de motivation.

Quel serait votre projet idéal?
De combiner des buts humanitaires avec de nouvelles/surprenantes techniques ou technologies tout en ayant la liberté de formellement en faire quelque chose.

Comment avez-vous vos idées? Quelles sont vos sources d’inspirations? Êtes-vous influencé par quelqu’un en particulier?
L’inspiration vient de la vie quotidienne, de simples et humbles solutions qui ont déjà fait leurs preuves au fil des années, et la beauté de la nature et du travail traditionnel. Je ne peux pas dire que je suis influencé par quelqu’un en particulier mais c’est sure qu’il s’est déjà passé beaucoup de choses auparavant et que ça soit le fait de tirer de l’inspiration de celles-ci ou de protester contre celles-ci, il est certain que s’en est une réaction.

Avez-vous déjà eu un mentor pour vous soutenir et vous guider ?
En fait, j’ai eu beaucoup de bons professeurs parmi lesquelles sont Jurgen Bey et Gijs Bakker, mais l’enseignement hollandais essaie de vous rendre indépendant, que vous soyez autonome et je pense que ceci est optimal plutôt que de devoir compter sur quelqu’un d’autre.

Quelle est la philosophie de votre entreprise?
C’est d’essayer de saisir la signification de ce monde qui est constamment en train de changer et de la beauté qui s‘accompagne toujours de l’amélioration de ce monde. D’habitude il se développe tout seul, cependant étant un designer vous devez le faire dans « l’avance rapide ».

C’est quoi la beauté pour toi?
Les façons de faire qui sont inattendues et surprenantes de choses qu’on essaye de trouver un sens, d’adapter et d’atteindre des buts, de réduire une niche.

Comment se déroule une journée au bureau?
L’organisation et la communication, ensuite je vérifie les projets courants avec les assistants, puis finalement on fait du travail créatif sur de nouveaux projets, quoique les percées deviennent souvent vraiment claires en dehors des heures du bureau. Dans le bureau on fait le travail de base, des visualisations et des tests.

C’est quoi le plus difficile dans votre travail?
La tension avant que la percée arrive.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail?
La liberté de pensée et d’expérimentation. La beauté de l’intuition.

Quel a été votre plus grand succès?
Il y en a quelques-uns, le Dusk Dawn mirror, le Wrong Color Furniture System, Inside Out furniture, le Virtual Florist

Vous travaillez avec une imprimante 3D et une découpeuse laser ; faites-vous des prototypes à la main avant d’utiliser ces machines, ou avez-vous déjà une idée que vous poursuivez en 3D pour ensuite réaliser sa fabrication ?
En fait, c’est plutôt comme la deuxième et puis au fur et à mesure de les utiliser, vous comprenez ces machines et de quoi elles sont capables et du coup ça devient de plus en plus facile. Les prototypes qui sont faites à la main sont plus pour la forme et les proportions, elles ne peuvent pas vous dire comment la matière va réagir. De plus, les pièces en 3D peuvent être très complexes et du coup, on a tendance à ne pas avoir envie de les fabriquer à la main.

Que pensez-vous de l’utilisation de ces machines dans le monde de l’artisanat ?
Je trouve que c’est relativement sans rapport puisque les artisans mettent en avant leurs compétences et le travail fait à la main et les gens aiment la préciosité de certaines matières et celles-ci sont des choses qu’on ne peut pas avoir en utilisant une imprimante 3D. Les orfèvres utilisent des imprimantes 3D pour créer des modèles pour la fonte à la cire perdue par exemple, mais la technique et la compétence est toujours nécessaire pour arriver au résultat final. Je suppose qu’ils utilisent l’imprimante 3D plus comme un outil pour compléter leurs projets et non excessivement.

Une fois que vous avez découpé la porcelaine avec le laser, vous le vernissez vous même à la main ou est-elle aussi industrialisée ?
La porcelaine n’est pas découpé avec le laser, seulement les moules sont fabriqués avec l’imprimante 3D. La porcelaine est ensuite moulé puis vernis à la main.

Dans la collection de vaisselle CadCam, vous n’utilisez pas de fortes couleurs, tout est en blanc avec quelques couleurs pastel. Quelle est la raison pour l’utilisation particulière de ces couleurs ?
On essayait de trouver des styles différents et de voir comment celles-ci interagissaient avec le langage de la forme, puisque ces formes sont plutôt différentes de celles qu’on a l’habitude de voir dans la porcelaine.

Quel est le processus de design pour une de vos créations ?
Chaque projet a ses propres demandes et donc processus, mais en général il y a d’abords la recherche pour le développement de l’idée, le fait de choisir les techniques, les matériaux et couleurs, puis les croquis et les maquettes, et ensuite il faut trouver un moyen de fabrication soit à travers un indépendant soit à travers une compagnie, prototypage, documentation et finalement le lancement commercial.

Avez-vous des conseils à donner ?
Pour les jeunes designers je dirais : soyez patient, persévérant, et pensez et développez des idées qui peuvent grandir et tenir plutôt que des idées tendances de courtes durée. C’est toujours bien de regarder ce que font les autres, mais au final c’est important de trouver son propre langage.