mdby……DAVID SANTIAGO

David Santiago, on pourrait l’appeler l’artiste du bois, on verra la sensibilité qu’il montre dans son travail et ses designs. J’adore!!!

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David, vous avez des études en relation avec l’art. Comment voyez-vous dans votre atelier, en train de faire un autre type de travail artistique ?
Les questions que nous essayons de répondre aujourd’hui dans le monde de l’art sont différentes de celles que je me pose dans atelier d’artisan, et du point de vue d’un anthropologue, il y a une grande différence : dans chaque atelier, des objets sont fabriqués avec une intention et une fonction prescrite. Ce qui diffère est la définition artistique que l’on donne à chacun et qui dépend du contexte.

Le travail artistique et le fait d’être entouré par mes machines, ne sont pas les parties les plus excitantes pour moi. Pour un artiste, le contexte dans lequel on travail devient confortable lorsqu’il travail avec ses propres mains.

Le travail fait dans un nouvel atelier est le résultat du précédent. En cours de route je n’ai pas toujours eu d’atelier, et celui dans lequel je suis maintenant a une fonction différente de celui auparavant. Peu à peu, votre chemin se détermine, chaque pas qui précède donne naissance au prochain, ce qui fait qu’on se retrouve dans un endroit ou l’on ne croyait pas atterrir.

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Comment avez-vous appris à travailler le bois ?
Je suis un des fils de la génération de migration du rural à l’urbain des années 60. J’ai vécu entre ces deux mondes d’une façon intense et en même temps naturelle, et j’ai beaucoup appris des deux. Mes parents avaient l’équilibre parfait entre « savoir » et « fabriquer », qui à ce temps était important pour la survie et le bien être social. Beaucoup des maisons de cette époque, la mienne inclue, étaient autosuffisantes portant sur plusieurs aspects. Le talent et l’habileté étaient très utiles pour compenser le manque de ressources. Peu importe la taille du projet, il y avait toujours une équipe technique. Il y avait toujours des gens de qui on pouvait apprendre quelque chose. Même si mes intérêts ont changé avec le temps, je suppose que c’est le germe qui a fleuri pour mon travail avec le bois. Les techniques que j’ai acquis sont autodidactes.

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Vous fabriquez vos propres projets, mais fabriquez-vous aussi les projets des autres designers ?
Aujourd’hui je dois combiner les deux pour pouvoir soutenir mon atelier.

Depuis le début, j’ai toujours pensé que la partie technique était reliée à celle de la fabrication et/ou du développement de mes propres projets. Quand je décide de développer du mobilier ou des projets d’intérieur d’autres designers, la seule condition est que je dois le réaliser moi-même pour pouvoir participer et être présent pendant tout le processus et en sorte de devenir responsable du projet.

J’aime beaucoup la partie technique, la fabrication, quand je fais du processus de concevoir. Ceci ne veut pas dire que je n’apprécie pas les projets des autres, au contraire j’apprends beaucoup de leurs projets. Cela peut paraître paradoxal, mais le marché ne m’intéresse pas du tout. Je sais que le fait d’apprendre quelque chose de nouveau devrait être rentable, mais sans la rigidité, en laissant des portes ouvertes sur d’autres chemins.

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Quelle est la partie du monde du pain qui vous a le plus attiré ?
Mon intérêt dans le pain vient de mon enfance, cependant ça fait longtemps que je n’ai pas découvert un monde qui me fascinait et que j’apprécie. Le pain c’est comme la civilisation, si on enlève la croute, la chapelure tombe peu a peu, si on gratte à la surface les gens commencent à parler. Le pain est quelque chose de complexe qui à l’apparence d’être simple, remplit de ramifications et d’implications. La chapelure est quelque chose de vivant.

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Est-ce plus facile de fabriquer vos propres projets ou celui des autres ?
Des que je pense à un objet, je pense aussi à sa fabrication. Le moment ou il une tension survient, elle peut soit être bonne soit mauvaise pour le développement du projet. J’adapte les projets à mes ressources, mais j’essaye toujours d’aller plus loin. Les ressources servent de contraintes pour ton travail, parfois ils t’interdisent de faire certaines choses, mais parfois ils amènent des surprises qui peuvent déboucher sur de nouvelles possibilités. Le travail que je fais dans l’atelier détermine l’objet final autant que l’idée de départ fait que tu recherches plus certains types de ressources plus que d’autres ; ou les erreurs qui amènent de nouvelles possibilités. Le chemin se trace au fur et a mesure, d’après Machado.

Quand vous travaillez seul vous pouvez adapter vos ressources aux pièces du projets, ou l’inverse ; mais ceci est plus difficile lorsque les détails constructifs sont déjà prescrites. Cependant, chaque objet est différent, plus ou moins complexe, plus ou moins négociable.

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Aimeriez-vous collaborer avec un autre artiste en particulier ?
J’aime les collaborations, même celles qui peuvent être développé depuis mon travail dans mon atelier. J’adore si l’autre designer et autant passionner par ce qu’il fait. On peut développer des projets avec des gens ayant des professions différentes et/ou dans d’autres domaines.

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Est-ce facile de rendre vos idées concrètes ?
Mon évolution en tant que designer est très lente. Je n’ai pas eu d’apprentissage spécifique à cela, ce qui peut parfois être un handicap, et parfois une opportunité.

Je n’ai pas de grands intérêts pour le design, je ne sais pas si c’est parce que je suis timide, ou si c’est parce que je trouve qu’il y a déjà beaucoup d’objets qui existent aujourd’hui et je n’ai pas envie de générer plus de bruit.

Pour moi, penser et fabriquer sont liés, et du coup l’expérience, le temps, et le processus sont des notions très importantes pour pouvoir trouver des solutions. Certains objets naissent tout de suite et d’autres naissent avec le temps.

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Quel est votre projet préféré ?
J’ai plusieurs projets qui m’ont apporté une grande satisfaction, mais je pense que chaque élément à son contexte et son moment. D’après ce que j’ai dit auparavant, il y a certaines choses qu’on ne peut apprécier avec le temps, c’est à ce moment là que sa vraie valeur est perçue.

Quel est votre « best-seller » ?
Jusqu’à présent je réalisais des pièces uniques. Le premier a été une série limitée d’ustensiles, faite à la main. Le « best-seller » était une planche à découper.

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Quelle est la différence entre vous et d’autres charpentiers ?
Au niveau physique seulement, c’est la chorégraphie dans l’atelier, le style, les gestes et les mouvements. De plus, je me sens beaucoup plus près du concept de création que du métier lui-même, comme dirait R. Sennet.

Mon but est de revenir à un atelier de designer, cet endroit entre l’artisan et le créateur.

Donnez-vous des cours ?
Non.

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Quelle est la chose la plus difficile et celle que vous préférez dans votre travail ?
La chose la plus difficile est de garder mon atelier ouvert jour après jour et d’en vivre. Le fait de travailler seul à ici un point positif, si les choses se passent mal, je suis le seul touché. Je trouve ça rassurant.

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Quelle serait la parfaite commission ?
Comme je l’ai déjà dit, la commission parfaite serait une avec des conditions, une pression, une liberté et une rémunération juste. Disons quelque chose de très rare…

Si vous pouvez changer une décision professionnelle déjà prise dans le passé, que serait-elle ?
Je changerai mon attitude à certains moments et je reprendrais les heures perdus dans un travail qui n’en valait pas la peine.

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Y-a-t-il quelque chose que vous referiez d’auparavant qui était fou ?
Même si cela était très enrichissant comme expérience, c’était la seule chose un peu fou que j’ai fait et que je referais : la construction de ce que était ma maison.

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Avez-vous des conseils à donner ?
Je préfèrerais échanger des conseils plutôt que d’en donner. Pour moi, je dirais : faites quelque chose qui vous passionne et ayez toujours le désir de faire les chose avec maîtrise.

05.09.14