Alvaro Catalán de Ocón est un designer industriel qui a développé le projet de lampe PET avec des artisans au Bogotá, et après il a développé un projet similaire en Chile. C’est un projet avec beaucoup de succès et très attirant, parce qu’il montre la culture des artisans du pays.

Vous êtes un designer industriel et tous vos designs, comme La Flaca ou Cornucopia, sont tous une réduction de l’expression minimum. Est-ce que ce projet de lampe, PET a-t-il transformé en sorte votre point de vue sur la façon de concevoir un projet?
La lampe PET a aussi été un projet basé sur la réduction. Cependant dans ce cas, elle a été orientée vers une simplification du processus de la transformation d’une bouteille en un lampadaire, au maximum, pour que ça puisse être compris et fait par un artisan avec des outils basics que l’on trouve n’importe où. La grande différence ici est celle de fabriquer un objet avec des artisans et non avec des industries. On a du laisser une grande partie de liberté aux artisans et perdre en revanche une partie de contrôle sur l’aspect visuel du projet final, et ne pas essayer de contrôler chaque petit détail.

La lamp PETest très attirante, de l’idée initial jusqu’au résultat final. Comment avez-vous participez dans ce projet ? Etait-ce seulement avec le concept ? Avez-vous appris des artisans comment tisser la trame?
Nous avons travaillé sur le concept dans le studio à Madrid et une fois que le potentiel s’est révélé, nous avions recherché un promoteur pour développer le projet en Colombie (Coca-Cola Colombie), et une organisation pour nous donner des conseils sur avec qui et où on devait travailler (Artesanìas de Colombie). Une fois qu’on avait tout ceci, on a fait un workshop à la main avec les artisans à Bogotá, pendant 2 mois.

Avez-vous défini l’utilisation des couleurs et leurs mélange dès le départ, ou était-ce ne façon de faire « à la artisanal » ?
On n’avait pas envie d’influencer les artisans au niveau des couleurs et des imprimés. En fait, notre but est d’avoir leur métier traditionnel et leurs motifs reflétés dans leur lampadaire pour avoir la totale cosmogonie de la culture de l’artisanat ancestral perçu dans l’objet qu’ils produisent.
En tous cas, ils ont une connaissance bien plus riche que nous concernant les couleurs et les pigments qu’ils utilisent et comment les combiner. Nous n’avions pas du tout l’intention d’amener le style Européen en Colombie, mais de plutôt faire l’inverse. En ayant cette attitude l’artisan a une plus grande motivation et est beaucoup plus active au sein du projet. En réalisant ce projet on s’est rendu compte de la grande différence qu’il y a entre le fait de travailler avec des industries et de travailler avec des artisans.

Qu’avez-vous appris des artisans ?
En collaborant avec ces artisans mes yeux se sont ouverts sur la réalité d’un pays, d’une culture et sur une autre façon complètement différente de comment vivre dans ce monde. De toute autre manière, ceci aurait été très difficile.

Intègrerez-vous des couleurs dans vos prochains designs ?
J’aime bien utiliser les couleurs naturelles des matériaux que je choisi d’utiliser. Au niveau du textile cela me semble très naturel d’utiliser des fibres pigmentées. Cela m’a permis d’avoir une nouvelle ouverture sur la compréhension de la couleur. En tous cas, en ce moment nous sommes en train de développer ce même projet au Chile mais en utilisant du rotin. On ne peut pas le teindre, du coup on l’utilisera dans ses différents tons naturels en le faisant bouillir, il devient de plus en plus sombre. Je pense que dans ce cas particulier, l’utilisation des couleurs ferait perdre le contact avec la matière et n’ajoutera rien de plus au projet.

A partir du moment que vous terminez un design, jusqu’à la fabrication du prototype, quel est le chemin que vous traversez jusqu’à ce qu’il soit prêt à être vendu ?
C’est un très long processus qui nous prend souvent autour d’un an juste pour l’avoir prêt à mettre sur le marché et un an de plus pour que sa production soit en continu. On commence par l’idée, on la réduit au strict minimum et puis on commence directement à travailler la matière en créant des prototypes. Ces derniers changent peu à peu jusqu’à ce qu’ils arrivent à la solution final ; en travaillant d’habitude avec l’artisan ou l’industrie qui le produira. Ensuite vient toute la préparation pour l’emballage, les instructions d’utilisation, les photos, le graphisme, la communication, les foires…

Fabriquez-vous vos prototypes vous même ?
Oui, avec l’artisan. Nous ne faisons pas trop de 3D ou de dessins, mais nous travaillons directement avec les matériaux.

Presque tous vos designs sont des lampes, que signifie la lumière pour vous ?
Mes projets de double diplôme au Central Saint Martins étaient des lampes et je suppose qu’un projet vous amène vers un autre, où ensuite vous vous spécialisé. En tous cas, j’ai aussi réalisé une table et un tabouret et j’ai hâte de créer d’autres objets de même. Cependant, les lampes ont un aspect matériel (réel, en parlant de l’objet même, de la lampe) et un aspect abstrait qui est la lumière qu’elles émettent. Puis il y a aussi l’histoire derrière chaque projet.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je ne comprends pas vraiment d’où vient l’inspiration, cependant j’adore la musique, le cinéma, le voyage, l’architecture… c’est le design en fait qui ne m’intéresse pas trop.

Quel serait votre projet idéal ?
J’aimerais bien « designer » ma propre maison à la campagne. Ces derniers mois, j’ai passé mon temps à renouveler ma maison/studio et cela m’a beaucoup plu.

C’est quoi la beauté pour vous ?
Quand les choses se mettent en place naturellement. Ça peut être dans l’ordre ou le désordre, tant qu’elles se sentent confortables et qu’elles déclenchent quelque chose de spécial dans ta perception.

Dédiez-vous du temps dans votre travail aux publications ou autres médias pour te promouvoir et rehausser les ventes, ou avez-vous quelqu’un qui s’occupe de tout ça ?
Je fais beaucoup de foires et c’est souvent la presse qui me suit que l’inverse. J’essaye quand de suivre tout ça de près autant que je peux le faire.

Quelle est la chose la plus difficile dans votre travail ?
Gérer plusieurs choses en même temps et répondre à tous les courriels !

Quelle est la chose que vous préférez dans votre travail ?
Que chaque jour soit différent.

Quel a été votre plus grand succès ?
De me réveiller et d’avoir quelque chose à faire depuis que j’ai monté mon studio, à la sortie de l’université, et de survivre depuis ce moment.

Quel est votre plus grand rêve dans le futur ?
Je préfère penser à ce que j’ai faire maintenant ou pour demain au plus tard…

Des conseils à donner ?
Suivez vos instincts.