Très joli en céramique, aujourd’hui on vous montre le travail de Isabell Gatzen, une dessinatrice qui a commencé par le dessin et maintenant travail en céramique. Elle crée la série “Objectify”, fabriquée à la main, qui montre une métaphore qu’elle nous explique…

Tu as fait la série en céramique “Objectify” à Bali quelques mois après avoir commencé à travailler avec la céramique. Comment est l’expérience de commencer à travailler avec la céramique?
Aussitôt que j’ai commencé à tourner le tour pour la première fois, je suis resté totalement accrochée. J’adore comment l’argile réagit devant n’importe quel petit mouvement. On a besoin de calme et de la précision pour obtenir ce que l’on veut. D’un autre côté, la céramique te permet de jouer, de commettre des erreurs et d’expérimenter. Il y a tant d’aspects de la poterie qui me plaisent, (par exemple la grande variété de techniques, pour créer des objets uniques) et les autres qui ne me plaisaient pas tant (l’argile a une mémoire et on peut doubler tandis qu’elle est dans le four). Mais en général, c’était l’expérience la plus surprenante que tu peux avoir

Quand j’ai commencé la série “Objectify”, je commençais tout juste à explorer la céramique.
J’ai utilisé un moule comme prototype pour chaque forme initiale. En ajoutant et en enlevant, j’ai appliqué des caractéristiques uniques aux mêmes pièces pour obtenir un caractère singulier dans chacune d’elles.
En même temps, j’ai beaucoup pensé à toutes les contradictions de notre société actuelle comme la nécessité de conformité et d’individualisme et notre désir d’obtenir des bénéfices de la production dans une série et qu’à la fois ces produits ont des caractéristiques uniques. La série “Objectify” est une métaphore de toutes ces contradictions. De plus, la série définitive sera fabriquée à la main!

Vas-tu continuer à faire des pièces en céramiques à la main?
Naturellement! Mais je suis dessinatrice, pas céramiste, donc que je ferai le prototype et laisserai la production de la pièce aux experts.

Qu’est-ce qui signifie la céramique pour toi?
Des possibilités sans limite avec un matériel vrai et noble. La technique, la forme, la texture, la couleur et le temps sont des facteurs qui m’offrent l’opportunité de dessiner et d’expérimenter. Je peux exprimer ma version de la « beauté », tout en le regardant, le touchant et l’utilisant.

Crois-tu que la céramique artisanale disparaîtra à la suite des imprimantes 3D?
Non, je ne le crois pas. La céramique a existé depuis l’époque romaine. Différentes techniques se sont développées au long des milliers d’années, en évoluant au cours de chaque époque. Nous sommes au XXIe siècle et je vois les imprimantes 3D comme une technique contemporaine pour pouvoir faire des objets uniques. Les imprimantes 3D et son développement sont hyper innovateurs aujourd’hui et ça continuera à évoluer. Selon mon opinion, je crois qu’on ouvre une infinité de nouvelles possibilités pour le monde de la céramique. Les choses que l’on pensait inimaginables, pourront être faites.
Les techniques de céramique artisanale sont incroyables et je crois que les imprimantes 3D amèneront une contribution, et non pas une révolution.

Qu’est-ce qui est le plus stimulant dans ton travail?
S’obstiner dans un dessin simple, utiliser le nécessaire sans rien ajouter. Se concentrer sur ce qui est important et ne pas perdre le temps.

Tu as travaillé pour quelques entreprises: comment as-tu décidé de créer la tienne?
Je travaillais à San Francisco en dessinant des produits électroniques. C’était un conflit intense entre le dessin et le processus. Une bonne connaissance de l’expérience de l’utilisateur et l’usage correct de la technologie sont essentielles pour pouvoir développer un produit innovateur. L’inconvénient pour moi était le court cycle vital de l’électronique, ce sont des produits faits en plastique qui restaient tout de suite obsolètes quand la technologie changeait. C’est là que je me suis rendu compte de ce que je voulais. C’était de créer des pièces qui pouvaient survivre d’une génération à une autre, sans perdre sa valeur et de pouvoir devenir l’héritage de quelqu’un. Les lignes pures, les matériaux purs et une grande qualité de la finition sont des nécessités pour moi.

A-t-il été difficile de prendre cette décision?
Non, j’étais dans le moment parfait de ma carrière pour m’actualiser, pour faire ce que je voulais.

Qu’est-ce que tu as appris de ces compagnies que tu utilises maintenant dans ta propre étude?
À avoir une discipline dans le processus de dessin, différentes techniques pour visualiser le concept, à faire des présentations structurées, à connaître comment l’industrie fonctionne et comment se pousser pour s’améliorer… Je suis très fière d’avoir fait un travail important dans le monde de cette industrie. C’était une expérience géniale, j’ai beaucoup appris et cela fait que j’apprécie encore plus ce que je fais aujourd’hui.

As-tu travaillé une fois comme stagiaire?
J’ai fait deux périodes de pratiques dans des études de dessin pendant que j’étudiais à l’école d’art.

Quel est ton rêve dans ta carrière?
En ce moment, je travaille dans ma propre ligne de vaisselle. J’aimerais dessiner l’intérieur d’un nouvel hôtel et d’avoir l’opportunité de travailler comme dessinatrice invitée dans des marques connues d’ameublement.

Quelle été ton travail idéal quand tu étais petite?
Je voulais être inventrice

Travailles-tu seule?
Oui, et ça me plaît. Mais j’aime aussi travailler en équipe et que quelqu’un me contredise.

Quel serait ton projet idéal ?
L’un dans lequel je pourrais exprimer au complet ma créativité et qui rendrait les gens heureux.

Parle-nous d’un jour dans ton travail.
Mis à part le fait de prendre un café chaque matin, il n’y a rien d’un “jour normal”. En dépendant de la phase du projet, je travail dans le concept, le dessin. Je dessine, je fais des visualisations, 3D, des prototypes, sélectionne et organise la production, la page Web, le marketing, etc.. Mon travail est très versatile, parfois un défi mais heureusement jamais ennuyant

Quand as-tu commencé à devenir connue grâce à de ton travail ?
Quand ils ont commencé à me publier dans des revues et dans différents blogs. Ainsi, je continue à travailler dans cela, et je répands le message… www.isabellgatzen.com

Qu’est-ce qui est le plus difficile dans ton travail ? Et ce qui te plaît le plus ?
La production est le pire, c’est dur de trouver les meilleures façons de produire, appropriées pour fabriquer d’une manière durable, proche géographiquement et avec des prix raisonnables
Le processus des idées et la phase de dessin sont mes préférés, c’est là que je peux être le plus créatif.

Un conseil pour quelqu’un qui pense à créer sa propre étude ?
Soyez vaillant, prenez des risques, parce que rien d’autre ne peut substituer l’expérience. Poursuivez vos idéaux, croyez en vous même et surtout faites-le. Si vous ne construisez pas vos rêves, quelqu’un vous embauchera pour les aider à construire leurs propres rêves.